Le Bourgeois de Paris au Moyen Âge by Jean Favier

Le Bourgeois de Paris au Moyen Âge by Jean Favier

Auteur:Jean Favier [Favier, Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: det_, histoire, Paris, Moyen âge
Éditeur: Tallandier
Publié: 2012-04-18T22:00:00+00:00


La rente sur le Trésor

Dès le XIVe siècle, la rente prend place parmi les facteurs et les occasions de régression des investissements proprement économiques. Forme plus élaborée du recours au crédit et de la valorisation des patrimoines immobiliers, elle entre normalement dans la composition des fortunes bourgeoises aussi bien qu’aristocratiques. On en achète. On en rachète.

Il en est de deux sortes : la rente qu’a constituée un bourgeois en hypothéquant son bien, et celle qui procède des emprunts du roi ou de la Ville, les deux étant même chose dès lors que la Ville garantira les emprunts du roi.

Dès le XIIIe siècle, on parle de rentes sur le Trésor ou sur les recettes royales. Ce sont parfois les générosités du roi, comme cette rente de 366 livres, payable par quinzaine sur les recettes du prévôt de Paris, que Louis VIII offre en 1223 à l’Hôtel-Dieu en accomplissement du testament de Philippe Auguste. Ce sont plus souvent les pensions viagères que sert le roi, aux termes accoutumés, à des princes comme à de simples chevaliers ou à des officiers de son administration et de sa justice. Saint Louis, déjà, paie parfois d’une rente le service d’un modeste officier ou la prestation d’un fidèle. Tout cela n’a rien à voir avec le crédit. Alors que le roi entend limiter les aliénations de son domaine foncier, c’est le moyen que l’on a trouvé d’une rémunération durable mais non perpétuelle.

De tels paiements sont bien différents de ceux qui, à tous les niveaux, soldent les créances des fournisseurs ou de ceux auxquels lesdits créanciers du roi ont vendu leur titre de créance pour être plus vite payés. Rappelons-le de nouveau, nul alors ne paie comptant. Si l’on paie un achat à terme, on est cependant près de la rente sinon en droit, du moins dans le fonctionnement du Trésor. Des bourgeois, changeurs ou marchands, font là office d’intermédiaires certainement pas bénévoles pour épargner aux créanciers les attentes, les déplacements et les tracasseries. Ainsi Étienne Haudri perçoit-il du Trésor les rentes de bénéficiaires aussi divers que le comte de Bourgogne ou celui d’Armagnac (Boris Bove). Pour le compte de leurs propres débiteurs, c’est-à-dire de leurs clients, ils fréquentent le Trésor. Autant dire que le drapier se fait payer par le roi le drap qu’il a vendu, fût-ce au roi lui-même ou à un prince. Mais ces rentes sur le Trésor n’ont rien de perpétuel. Celles qui résultent d’une fourniture prennent fin à l’apurement des comptes. Celles qui ont le caractère d’une obligation non révocable, donc d’une véritable rente, sont le plus souvent des rémunérations accordées en viager. Rares sont celles qui sont transmissibles à perpétuité.

Le vocabulaire crée la confusion : redditus signifie « rendu » ou « revenu », et les contemporains mêlent tout ce qui consiste à se faire payer par le Trésor à des termes convenus. Pour qui sait en jouer, les paiements différés à terme ressemblent à une rente, mais avoir vendu à terme ne fait pas un rentier. Très vite, on distinguera



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.